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Escarbille
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14 juin 2006

Fin - 2005

La lame s’avançait vers moi, prenant peu à peu l’inexorable ampleur de la voracité, transmuant cette déferlante en un mur de basalte, dont le faîte s’éventait, lambeaux d’écume noire et huileuse arrachés, laissant dans leur sillage d’agonie un parfum de suif et de peur…. Parfum qui rendait plus âcre encore ma gorge emplie de peur, emplie de bile.

Mer fauve aux vagues de linceul, ta gueule d’ombre s’étire déjà pour me happer… Et tu me susurres en silence qu’il est inutile de fuir, courir ne me sauvera pas de la noyade, et d’ailleurs pourquoi vouloir lui échapper, elle, la maîtresse si tendre…. ? Je ne veux pas de son amour et déjà je suffoque, le sel de mes larmes tel une maigre parade à l’entité gantée de funeste. Car paralysé par ces flots d’obsidienne qui se mirent dans mes prunelles figées, l’antienne mélancolique qu’ils me chantent trouve en moi des échos troublants… Mon cœur crie à la délivrance, exulte face à ce bourreau qui s’approche… Lourde tempête de poix, aux remous langoureux, les préludes de ton chant oblitèrent déjà le sol où je repose. Bientôt, une nuit de sépulcre m’entoure, le néant sur ses talons. La seule violence est mienne, ma bouche muette sur les derniers soubresauts de mon esprit. L’air n’existe plus et mes poumons éclatent tandis que mon traître de cœur exécute avec douleurs les derniers accords de son rythme narquois. Pourtant le fleuve de sel sur mes joues ne s’est pas tari, comme si tous ces pleurs avortés reprenaient un semblant d’existence, se ruant avec rage dans ma gorge nouée. Fleurs d’eau pâle à la rupture des paupières, habillant de givre mes yeux aveugles ivres de noir. Soudain, la vague fut là, raz de marée d’huile et de désespoir, chaque flot comme autant de chapes de plomb m’entraînant vers l’abîme, scellant sans fin le coquillage des vaines espérances. Je me noie sans un cri, sans un regret et j’abandonne au vide mes souvenirs, délitant l’essence d’une identité à l’intention des eaux carnassières. Très vite, il n’y eut plus rien, rien d’autre qu’une enveloppe androgyne, un automate de fumée qui rejoignit en un dernier souffle les vestiges de l’écume.

Ainsi, je cessai d’être.

feuillesable

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